Un nouvel article du Figaro (ici) relate la nouvelle offensive d'Amazon, cette fois associé aux Majors Sony et EMI, dans le service du pressage de CD à la demande. Cela ne vous rappelle rien ? C'est CreateSpace, la filiale d'Amazon, qui propose ce nouveau service, comme elle s'occupe aussi de concurrencer Lulu et consorts de manière frontale sur le PoD.
Cette nouvelle a quelque chose de savoureux : alors que l’objet CD marque très fortement le pas à cause de la dématérialisation de la musique, on le remet au goût du jour en rationalisant sa production sur une démarche acheté=fabriqué. Dans le même élan, on lorgne avec avidité vers la gestion de fond de catalogue, c’est à dire ces titres musicaux qui ne sont plus d’actualité mais qui sont toujours, à plus ou moins grande ampleur, désirés par des auditeurs et des mélomanes.
Après des années de baisse ininterrompue des volumes de vente et du chiffre d’affaires du CD audio, cette nouvelle initiative interroge à plusieurs degrés. N’est-ce pas en réalité trop tard vu l’ampleur de la dématérialisation de la musique ? La cible évidente, les quadras et seniors nostalgiques, est-elle à ce point attachée à l’objet CD ? Quels seront réellement les « plus-produits » ? Quelle sera la qualité de la finition (jaquette, couverture du CD) ? Le délai de fabrication et de livraison n’est-il pas un obstacle ?… Bref, toutes les questions que l’on se pose peu ou prou dans le PoD !
Cela s’appuie sur la théorie de la Longue Traîne, qui a été d’ailleurs développée en observant l’expansion originelle d’Amazon il y a plus de dix ans. C’est la même théorie qui a fait la fortune d’eBay. Et c’est bien sûr celle sur laquelle s’appuie Lulu.com.
Mais plus important ici, c’est la démarche de vouloir exploiter les titres musicaux qui sont très peu demandés. Cela rejoint une situation que connaissent tous les libraires et tous les disquaires : un client potentiel cherche un album ou un livre rare ou introuvable et le commerçant ne peut malheureusement pas lui procurer pour cause de rupture de stock. Et voilà, tout un marché qui existe mais n’est pas satisfait. D’accord, je me répète un peu, mais ce nouveau mouvement d’Amazon me laisse à penser que ce bouleversement n’est pas si loin dans le temps, du moins de l’autre côté de l’Atlantique…
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